samedi 5 avril 2014

Moi aussi Mme Boutin, j'en ai ma claque des homos...

  


  Il y a quelques temps un de mes potes a partagé sur facebook ses aléas sur Meetic, c'est à mon tour  aujourd'hui de partager ici une anecdote qui m'est arrivé cet après-midi sur un site gay, qui m'a fait rire mais qui est très représentative de la majorité des gays sur la toile, malheureusement...
  
  Un mec m'aborde, j'ouvre le message et là sans même un "bonjour", ni même un "slt" minimum mais qui est le maximum pour beaucoup, je reçois 8 photos, 3 de son cul, 3 de sa bite en érection et gros plan, une en slibard et tjs en érection et une de son visage: aaaah enfin, quelqu'un a qui parler...je lui répond: "merci pour les photos, tu es très hot mais je ne recherche pas de plan cul"...et voilà ce qu'il rétorque: "qu'as-tu trouvé sur mon profil qui te fasse dire que c'est ce que je cherche?" 
Euuuuuuh!!!.. croyant à un trait d'humour, je lui parle donc de son entrée en matière, plus que concise et directe, puis des photos, tout ça avec avec humour bien sûr, car jusque là, ça me faisait rire...mais voilà que monsieur monte sur ses grands chevaux et hystérique me dit d'aller me faire foutre, que de toutes façons il ne veut pas d'un connard de français...(oui j'avais oublié de dire que le charmant garçon est latino mais malheureusement je n'ai pas eu le temps de savoir de quel pays)...là je lui ai rappelé que c'est lui qui m'avait contacté et que c'était pas si grave, qu'il trouverait forcément quelqu'un qui ait envie d'une romance avec sa bite ici, mais qu'il risquait de trouver beaucoup de français sur ce site et en France...à quoi il a répondu: "fuck you"  

FIN 
  
  Bon inutile de vous dire que je l'ai bloqué car j'avais vraiment pas envie de m'énerver mais j'ajouterais quand même, en conclusion que ce comportement n'est pas systématique mais est plus que courant dans le milieu gay...un ami disait: "les homos c'est comme les chiens, ça se renifle le cul pour se dire bonjour"

dimanche 2 mars 2014

Pharrell Williams, ça va uber cartonner à Boboland...


  Pharrell, retourne à la production et au featuring s'il-te-plait, car la voix de coq châtré, ça va sur un titre ou deux mais pendant 46'19'' mes oreilles m'ont donné des envies de meurtre. J'ai pourtant adoré "Get Lucky" le tube imparable de l'été dernier, mais je commençais déjà à ressentir une fatigue auditive prémonitoire au ras de marée médiatique de "Happy".
   Pour commencer avec cet album, j'ai lu quelques références le concernant qui m'ont fait hérisser les poils, je cite: Michael Jackson (Off the Wall), Prince, Stevie Wonder...ces gens-là ont-ils au moins écouté un des albums des artistes qu'ils nomment? La seule référence que j'y ai entendue est celle des Neptunes et N*E*R*D car pour la production, rien à dire c'est efficace, tout est calibré FM et je ne doute pas que cet album trouvera un public tant on va nous en rabattre les oreilles dans les mois qui viennent, malheureusement pour celles des mélomanes, qui risquent de ne pas y survivre...Le seul réconfort à cette médiocrité vocale est sur les deux titres "Brand new" et "You know who you are" avec Justin Timberlake et Alicia Keys, les seuls à mériter l'appellation d'origine contrôlée de chanteur et qui m'ont offert ces moments de répit vocal en m'évitant ainsi l'overdose.
  Au final, je n'irais pas jusqu'à dire que l'album est mauvais, bien au contraire, c'est bien foutu, ça donne envie de bouger et le talent de producteur de l’individu n'est pas à remettre en cause. Ce que je déplore en revanche, c'est le fait que son égo surdimensionné et surtout son manque d'humilité le motivent à faire le chanteur, après s'être improvisé rappeur (sans plus de talent d'ailleurs) et pire encore, à prétendre surpasser le "Thriller" de Michael Jackson, et oui, rien que ça!!! Alors Mister Pharrell, allez vous soigner les chevilles et épargnez moi les esgourdes au passage, merci!!!

  J'étais affligé comme beaucoup, du massacre journalistique de la dénommée Enora Malagré lors de sa honteuse interview de la STAR, mais finalement quand on s'improvise chanteur on ne peut prétendre à aspirer à mieux qu'une chroniqueuse efficace qui s'improvise wesh journaliste musicale. Après coup, cela relativise le malaise que j'avais ressenti en visionnant cette farce télévisuelle et qui au final ne constitue qu'un petit massacre entre imposteurs...un de plus. Pour ceux qui aurait raté ce moment d'anthologie, petit rappel en vidéo. Bon dimanche à tous!!!

jeudi 27 février 2014

Quintessence féminine

 En 1990 Steven Meisel avait personnifié mon idéal féminin en la personne de Linda Evangelista pour Vogue Italie

 

  Em 1990 Steven Meisel tinha personificado o meu ideal feminino na pessoa de Linda Evangelista para Vogue Italia


  In 1990 Steven Meisel had personified my feminine ideal in the person of Linda Evangelista for Vogue Italia


samedi 22 février 2014

Naissances et morts dans le monde en temps réel...Births and deaths in the world in real time...Nascimentos e mortes no mundo em tempo real



  Saisissant!!! Brad Lyon, docteur en mathématiques et développeur, a créé une carte interactive qui mesure en temps réel les naissances et les décès sur Terre. Regardez cette carte en cliquant sur le lien ci-dessous.

  Grabbing!!! Brad Lyon, Doctor of Mathematics and developer, has created an interactive map that measures in real time the birth and death on Earth. Look at this map by clicking on the link below.

 Agarrando!!! Brad Lyon, Doutor em Matemática e desenvolvedor, criou um mapa interativo que mede em tempo real o nascimento e morte na Terra. Olhar para este mapa clicando no link abaixo.


 https://googledrive.com/host/0B2GQktu-wcTicEI5VUZaYnM1emM/

lundi 17 février 2014

Coup de cœur: Lameck en concert acoustique

 

Coup de cœur de la semaine

 

  Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, laissez-moi vous présenter Lameck, un jeune artiste brésilien, auteur, compositeur musicien et interprète, tout droit venu de São Paulo et vivant à Paris depuis 15 ans.


  Après un premier EP en 2010 intitulé "Embosologia" et un album en 2013 "Passos de Ontem" (en vente ici ), il nous a présenté son 3ème opus, le vendredi 14 février chez Robert M. Smith à Belleville, lors d'un chaleureux concert acoustique dont vous pourrez voir quelques extraits en vidéo ci-dessous. Un album très personnel mêlant pop, rock, samba, bossa...où j'ai pu aussi percevoir quelques influences africaines...un son donc cosmopolite, comme l'est sa ville natale, São Paulo, gigantesque métropole très ouverte sur les autres cultures, qui s'y intègrent et se mélangent pour y créer un style à part, et que Lameck représente parfaitement en y ajoutant la french touch, puisqu'il a brillamment composé quelques titres en français, qu'il chante avec un petit accent très touchant et plein de charme.





  Un artiste bourré de talent affichant un style de dandy classieux, qui plus est d'une gentillesse incroyable et dont je ne manquerai pas de vous donner des nouvelles, puisque son album devrait sortir prochainement.


  Et si vous souhaitez le découvrir plus amplement, sachez qu'il se produira en concert avec son groupe Symbiose, car cet homme fourmille de projets, le 24 mars au Ciné 13, une très belle salle Montmartroise. Pour cela, ils ont besoin d'un coup de pouce car il faut 100 pré-inscriptions avant le 9 mars pour que cela ait lieu, donc je compte sur vous, c'est sans carte bleue, ni appel téléphonique, il vous suffit juste d'y inscrire vos noms et mail ici: Concert de Symbiose Trio au Ciné 13. Je vous en remercie, vous ne regretterez pas!!!










 













Extraits du concert du 14 février 2014



Ici une vidéo de Symbiose en concert le 24 mars, n'oubliez pas de vous pré-inscrire!!

Game of Thrones Saison 4, nouvelle bande-annonce!!!


 

  Prévue le 6 avril, la 4ème saison de Games of Thrones est très attendue par les nombreux fans de la série. Voici la deuxième bande-annonce explosive, sans sous-titres pour l'instant, mais que je mettrai évidemment à jour dès que possible. En rappel, j'y ajoute la première (sous-titrée) pour ceux qui ne l'aurait pas encore vue suivie d'un court making-off. Enjoy!!!


Bande-annonce 2 Saison 4

          

Bande-annonce 1 Saison 4



Making Of Saison 4

Entre Mecs par Aleks Larivière

 

Episode 3


  Je savais pas trop comment m’y prendre avec lui. J’avais bien compris qu’il était partant pour l’histoire, mais comment on fait pour raconter des trucs comme ça à un mec qui est le régulier, le légitime de la fille dont on parle ? En plus, la présence du couteau avait une sorte d’autorité sur le choix des mots et des images métaphoriques.

«Bon, je sens que je te gonfle un peu, là. Je parlais d’un jour au jardin. Je crois que si j’en parlais, c’est parce que c’est là que j’ai compris qu’il y avait du grabuge dans mon estomac. C’est là, que je me suis dit que j’avais changé sans le savoir, et sans le vouloir. Je reluquais les bonshommes et les dames. Mais en fait, j’avais une image, comme une photo en tête. Je le savais pas aussi clairement à ce moment-là.
Je passais souvent à la bibliothèque quand je travaillais pas, un peu comme pour tenir une promesse muette, tacite, à mon père. En fait, je passais tout mon temps libre là-bas. Les vieilles chouettes qu’avaient des têtes de tranches de livres me regardaient toujours de traviole quand je rentrais. Elles aimaient pas trop qu’un petit con qu’avait pas sa carte vienne traînailler dans le secteur. En plus, tu te doutes, j’avais les ongles dégoûtants, plein de cambouis, elles craignaient les tâches sur leurs précieux volumes. Je faisais d’ailleurs moi-même un peu tâche dans ce décor. Ça a duré plusieurs mois comme ça entre elles et moi. Et ça me plaisait. Et puis voilà… Tu te doutes que c’est là que je l’ai vue. Elle faisait pas tâche, elle. Ça lui allait bien tous ces bouquins partout autour d’elle. Pis, elle, elle était pas comme moi : elle, elle les touchait, les livres. Moi, j’aurais jamais osé, j’avais pas de carte et trop de cambouis. Je la regardais, je lisais les titres qu’elle sortait des rayonnages. Le vieux bibliothécaire, Monsieur Joseph, me regardait, il souriait, parfois il se marrait même. J’avais pas encore compris que c’était pas pour se moquer. Et finalement, il est venu me voir un jour. Il m’a dit d’aller lui parler. J’aurais jamais cru qu’il m’avait vu. Je lui ai dit d’aller se faire foutre. Il s’est encore marré. Et chaque jour il me saluait comme un complice en me désignant du regard l’endroit où elle se planquait. J’ai fini par aller le voir. Je lui ai causé de ma réticence à aller l’aborder, et je lui ai dit de pas en parler aux chouettes, j’ai même dû le menacer, juste au cas où il se trouverait un jour d’humeur à désobéir. Il s’est encore marré. Moi aussi. Il m’a conseillé d’entrer dans une pharmacie et de demander un nécessaire à ongles. Histoire de me délester un peu de la graisse et de l’huile qui voulait pas me lâcher. Je savais pas, moi, que ça existait. Puis, j’ai cru un moment qu’il se payait ma fiole, qu’il me prenait pour une minette. Il a insisté, et il m’a dit que je pourrai même oser les toucher, tous les bouquins qu’elle consultait et que j’osais pas tripoter avec mes grosses paluches crasseuses. Monsieur Joseph était un homme très bon, et intelligent. Mon père me disait toujours que les juifs étaient plus intelligents que nous, et que les autres aussi. Il disait que c’était pour ça que les Allemands leur avaient fait des méchancetés pendant la guerre. Il me disait aussi que l’explication n’était pas la même pour les cocos. Je comprenais pas, mais ça le faisait bien rire. Donc, comme Joseph était juif, je me suis dit qu’il devait parler avec sagesse. Alors je suis rentré dans une pharmacie, j’ai demandé un nécessaire à ongles "pour ma sœur". J’allais quand même pas leur raconter ma vie ! Le lendemain, je me suis fait tout beau, j’ai pris une douche, je me suis rasé de près, j’ai mis de la lotion qui brûle et qui pue, du déodorant, je me suis coupé les ongles (et un peu de peau avec), j’ai utilisé le petit bidule qui sert à décrotter, j’ai frotté avec la petite brosse. Après ces quelques manipulations qui m’ont pris pas loin d’une heure et demie, j’ai mis une jolie chemise, un pantalon de laine, ma casquette du dimanche et une veste, et j’ai filé à la bibliothèque. Je me sentais tout léger. En chemin, je levais ma casquette quand je croisais une dame, comme pour m’entraîner pour elle. En arrivant à la bibliothèque, je me suis senti envahi par une sorte d’angoisse soudaine. Oui, il faut savoir que je suis un angoissé. Je sais bien que j’ai pas le physique qui t’y autorise, mais c’est comme ça. Donc, mon angoisse et moi on est rentré; là, j’ai foncé sur une des vieilles morues et je te l’ai séchée sur place. Je l’ai regardée et j’ai joué de l’invective. Une vraie petite frappe. Je lui ai presque ordonné de me donner une carte «sur le champ», je lui ai collé sous le nez toutes les paperasses nécessaires pour l’ouverture de ma fiche et les six francs de l'inscription. Ça te l’a calmée, la moche. J’ai même poussé l’arrogance jusqu’à l’appeler «mon petit». Elle a grincé sur son tabouret – qui a rien dit, lui – elle a regardé mes mains que j’exhibais fièrement. Elle fait une sale trogne en y trouvant plus de cambouis. Je jubilais. Elle est partie cinq ou dix minutes et m’a rapporté ma carte. Mon bon Joseph m’a souri, comme toujours, et a même mimé un sifflement d’admiration en regardant mes mains. Elle était pas là. J’étais vachement déçu. J’me suis dit tant pis, ça me laissait le temps de bouquiner un peu ce que je l’avais vu lire. C’est là que j’ai mesuré l’ampleur du problème. En retirant les livres des rayonnages, j’ai réalisé que je ne comprenais même pas les titres. Ça ne m’avait même pas effleuré quand c’était elle qui les avait en main. J’ai passé des heures à lire en me grattant les tempes, et là, crois-moi, j’ai pas regretté d’avoir vidé la moitié de mon déodorant avant de sortir.
J’ai dû rester planté là un bon moment parce que Monsieur Joseph a fini par venir me trouver pour me dire qu’il allait fermer la baraque, mais que ce n’était pas grave, puisque j’avais ma carte, je pouvais emprunter tous ces livres pendant dix jours. Il a remarqué mon air niais et désespéré devant Aristote et ses copains, du coup, il a ajouté un dictionnaire littéraire à ma pile de livres, histoire que je comprenne les termes. Là, en partant j’ai dit le truc le plus con de ma vie : je l’ai regardé, je lui ai serré la main et là… «Merci M’sieur Joseph. Je suis désolé pour les Allemands, c’était pas bien, vous êtes un homme réglo !» Il a eu l’air interloqué, mon bon Joseph, il est resté interdit trois ou quatre secondes, puis il a éclaté de rire, m’a remercié, et m’a mis une tape paternelle sur l’épaule, et je me suis barré sans demander mon reste et écarlate de honte.
Dis, tu veux pas boire un coup ? J’ai un peu soif, et j’ai une bouteille qui traîne et qui attendait une bonne occasion pour s’ouvrir. T’as qu’à prendre ton couteau pendant que j’nous sers, comme ça, tu m’gardes à l’œil.»

Il m’a fait signe que oui, il a pas pris la lame. J’ai attrapé la bouteille, deux verres, je nous ai mis une bonne dose à chacun. J’ai levé mon verre, mais il a refusé de trinquer, ce con. Moi, ça me dérangeait pas vraiment, mais c’était plutôt pour le principe, après tout c’était lui qui s’était invité chez moi avec son couteau, je lui offre un verre et il trinque pas... grossier, le mec... à se demander ce qu’elle lui trouve ! J’étais assis en face de lui, je prenais mon temps pour boire, et je me disais que j’avais été trop vite. Vu que c’était ma dernière histoire, je devais bien la raconter. Alors j’étais là à laper mon Cognac en cherchant un moyen de pas le contrarier, mais de raconter quand même l’histoire jusqu’au bout, en entier, et dans les détails.

  

Episode 2

«J’étais là, assis, tout seul dans le jardin du Luxembourg. Je sentais qu’un truc clochait. Ça ne me ressemblait pas de m’asseoir au milieu des gosses et des arbres ! J’ai attendu une heure, peut-être deux. Je me sentais bien. Ça, c’était pas normal. Tout me semblait familier, comme si tout ces étrangers l’étaient de plus en plus, tout en m’étant de plus en plus sympathiques en même temps. Alors j’étais là, assis sur mon cul, sur une chaise inconfortable, et pour la première fois de ma vie, je savourais un truc de bourge, dans un coin de bourges ! Ces moments que les braves gens connaissent. Ces minutes bizarres où tous les êtres et toutes les choses te parlent au creux de l’oreille. Au début, t’as envie de les baffer ! C’est normal, si t’es là, c’est que t’as envie d’avoir la paix, normalement, t'as pas envie que le bonheur de la populasse vienne te gazouiller dans les esgourdes ! Alors je regardais les marmots gesticuler, les mères s’extasier, les pères devenir de vraies gonzesses. Heureusement, il y avait les boulistes. J’essayais de comprendre les règles de la pétanque, mais ça voulait rien dire. Un mec lançait une boule, le suivant deux, celui d’après, deux, parfois trois… Aucune logique ! Alors, vu que je suis un mec assez raisonnable, je me disais (comme n’importe qui l’aurait fait à ma place) que c’était tous des débiles ! Mais je les regardais quand même, et plus je les regardais, plus tout ça me semblait familier, normal… quand un mec ratait une boule, ou bien qu’elle retombait loin du cochonnet, j’avais presque envie de l’insulter... presque. Mais, étant donné que je n’aurais pas su comment tourner l’insulte, je me taisais et me contentais de me contorsionner sur ma chaise inconfortable.
Je me rends bien compte que quand on entend ça, on se demande à quel moment ce que je vais dire va bien pouvoir comporter un intérêt, mais il faut savoir un ou deux trucs sur moi pour comprendre pourquoi cet instant vaut le coup qu’on le raconte !
Moi, je suis un vrai gosse de Paris. Pas la Paris des touristes et de leurs foutus Champs Elysées ! Pas un veinard de Passy ! Non, moi, c’était plutôt Picpus, Bel-Air. Mon quartier, il avait même pas le mérite d’être chanté par la Frehel ou Mistinguett, dans le vieux temps, ou bien je les ai jamais entendues les chansons sur chez moi ! Ça m’a jamais gêné. Mais un jour j’ai atterri dans le 5ème… Là, c'était pas le même sirop ! Il y avait des plaques avec des noms de poètes et d'écrivains et de musiciens célèbres que je connaissais pas à tous les coins de rues. Bref, je suis tombé dans le 5ème !Ça, ça m’est arrivé le jour où mon père a calanché.
Ma mère s’était fait la belle avec un orthodontiste quand j’avais quelque chose comme huit ou dix mois. J’ai pas eu à me plaindre, mon père était pas du genre à rentrer ivre mort et me mettre sur la gueule parce que je lui rappelais la femme qui l’avait plaqué. Non, lui il était plutôt du genre «chochotte» comme on disait dans le quartier. Avec le recul, et maintenant qu’il a lâché la rampe depuis quelques années, je dirais qu’il était plutôt comme moi : un sensible. Le problème, c’est que lui, il avait la gueule de l’emploi. Moi, avec ma tête de gentil truand, je peux me planquer un peu, même franchement. Lui, c’était plus voyant. Paix à son âme ! Il était doux, mon père. Il me disait toujours «Tu sais, les femmes, faut savoir les rendre uniques, faut se mettre en frais, et s’en donner les moyens, Mathéo ! sinon, elles sentent l’odeur de l’eau qui stagne, et là, elles amènent le ptiot au médecin, et…» Il parlait pas bien le français, il faisait des fautes plus grosses que son cœur, mais il m’a donné le goût des livres qu’il avait jamais lu. Il les collectionnait, un vrai taré. Il disait toujours qu'on sait jamais, que si les fachos recommençaient leurs conneries, faudrait bien s'occuper. Je comprenais pas bien... En plus il avait l'accent... Il me disait souvent qu’il fallait lire, parce que lui, il avait pas lu, et le doc… enfin, tu vois ce que je veux dire ! Je crois qu’il se sentait complexé par le toubib qui avait emballé la mère.
Parfois, je la détestais, elle. Ça, c’était quand je m’oubliais un peu, quand j’oubliais mon père, Bel-Air. Et puis je regardais le papier peint des murs de la chambre, la lumière allumée à treize heures été comme hiver dans la cuisine (et qui ressemblait à celle du cabinet du toubib, ça lui faisait un petit truc familier...). Je lui en voulais plus. Je me disais qu’elle avait raison, qu’elle était encore belle et pleine de rêves, que la riviera, elle y avait droit, après tout. J’aurais peut-être aimé qu’elle nous prévienne avant. Au moins papa. Il aurait su me raconter des bobards si elle lui avait laissé le temps de s’habituer ! Là, il était malheureux comme les pierres, surtout quand il souriait. Quand il me souriait, c’était un peu comme si il me disait «toi, mon pote, t’es tout ce que j’ai, tout ce qu’il y a de plus beau dans une vie, dans la mienne, le seul joli cadeau.» C’est pas correct de faire ça à un gamin. On doit pas lui faire sentir qu’il nous sauve la vie, qu’il nous oblige à la vivre par amour, pour la ressemblance qu’il a avec nous, avec les partis, les absents.
Bref, les parcs, les jardins, moi ça me fait chier depuis toujours. Bah ouai, mon père c’était un brave type, mais il avait jamais le temps de m’y emmener. Pis, quand il avait un moment pour ça, c’était pire : au parc, tous les gosses avaient leurs protubérances maternelles avec eux ; alors moi, tu comprendras facilement que je passais pour un blaireau avec mon père qui me faisait des moulins avec les bras dès que j’arrivais en bas du toboggan en l’empruntant du début à la fin sans me vautrer. Les autres me regardaient comme si j’avais chopé la peste, comme si lui, il l’avait. Pis, j’avais déjà mon caractère. Quand ils regardaient mon papa de travers, qu’ils se marraient, j’étais pas du genre à chercher les mots; non, moi, je cognais, je lattais, je fracassais, je brisais, j’hospitalisais. Et je te dis ça dans l’ordre chronologique. Quand mon père était convoqué chez le dirlo, pour pas lui faire de peine, pour qu'il sache pas que les gens sont méchants, et les gosses encore pire, je prétextais des moqueries sur la couleur de mon cartable, sur mon nom de famille, sur ma façon de réciter les poésies, sur le bruit du moteur de ma mob, sur les hanches de ma nénette. Tu noteras encore la chronologie de la liste.
Donc, les parcs et moi, on n'a pas de jolies histoires en commun. Du coup je les évite depuis pas mal de temps. Mais quand le paternel a passé l’arme à gauche – paix à son âme – j’ai dû quitter l’appartement où j’avais grandi. Ma tante l’a vendu, elle m’a acheté une chambre de service au septième sans ascenseur dans un coin que je connaissais pas, sans père, sans famille et a gardé les bénef’ de la vente de l’appartement. Je me plains pas, au moins, elle m’a collé un toit sur la tête. J’avais seize ans, j’étais un peu jeune pour savoir me débrouiller seul, assez vieux pour comprendre qu’elle me l’avait faite à l’envers, la vieille carne ! Bon, je suis vachard, mais de là à cogner sur une rombière, faut pas déconner ! En plus, mon père m’avait toujours dit que la méchanceté se paye tôt ou tard qu'il fallait pas détester les mauvais…  un jour, on l’a retrouvée en bas de son escalier, la nuque brisée… je n’ai pas pleuré… Remarque, j’ai pas pleuré non plus quand papa m’a laissé tomber. Comme dans le livre du pied-noir que ta nénette m’a fait lire quand je l’ai rencontrée : je me sentais pas de la partie. Étranger, quoi.
Je me suis retrouvé seul, avec un matelas, une plaque pour le fricheti, une douche sur le palier qui puait autant que les toilettes qui étaient à côté, et soixante-quinze degrés l’été sous la mansarde. La vieille m’avait laissé peau de balle. De mon père, j’ai hérité la peur du noir et plein de bouquins qu’il avait ramassé sur les trottoirs et pas lus. Pendant plusieurs semaines, je restai là, comme une nouille sur mon matelas à regarder les bouquins empilés par terre sans les ouvrir, et à me nourrir de café en poudre dans l’eau tiède des parties communes - vu que la vieille dégueulasse m’avait même pas filé de casseroles. C’était la belle vie. Non, mon pote, je fais pas d’humour, c’était vraiment la belle vie.
Au bout de quelques mois, je commençais vraiment à tourner en rond dans mes onze mètres carrés. Du coup, j’ai pris un boulot. Je te dis ça, mais ça s’est pas fait comme ça. Tu te doutes, sans diplôme, avec ma silhouette de danseuse et ma gueule de braqueur de banque, les patrons se battaient pas pour mes services. Mais il y a eu un type qui y a cru. C’était un brave gars, il avait un garage, M. Kacew. Il avait débarqué de Russie avant la guerre, il avait des grandes idées à la con sur la France. Il rêvait, ce taré. Mais, même après plusieurs années, après les événements qui l’avaient dépouillé de sa femme et de ses parents, il continuait à aimer ce pays. Je l’aimais bien M.Kacew. Il me rappelait un peu mon père. Et puis, quand il parlait de «sa» France, ça me donnait envie d’aller y vivre.
Le garage était de l’autre côté du jardin du Luxembourg. Pour pas y passer, je le contournais à pied, tous les jours. Je me tapais une demie heure de marche de plus, mais c’était pas bien grave, c’était pour le principe ! Dans le garage, ça braillait tout le temps. Il y avait un roumain, un espagnol, trois portugais, un russe, un africain et moi, un martien… Comme on venait tous de partout, ça braillait dans toutes les langues, mais ce que je me rappelle bien, c’est surtout que ça se marrait dans toutes les langues. Parfois, je me disais qu’il était fort le père Kacew et qu'il avait réussi à se la construire sa France bigarrée et pacifique, celle où tout le monde s’engueulait tout le temps, mais mangeait la même gamelle préparée par la nouvelle Mme Kacew. Tous les midis on se retrouvait dans un coin de l’atelier, madame nous mettait une nappe sur un capot démonté et on mangeait tous ensemble en charriant nos accents, nos couleurs de peau, en s’apprenant des gros mots de tous les pays du globe.»

Je le sentais bien qu’il s’agaçait à m’écouter parler de mon enfance, de mon paternel et de M. Kacew. Lui, il voulait entendre parler d’elle. Mais quoi, bon Dieu, si il était vraiment sur le point de me désabonner pour de bon, j’avais bien le droit de m’étendre un peu. On m’avait jamais laissé écrire mon putain de bouquin, j’avais quand même le droit de me lâcher un peu avant le tunnel et la lumière blanche au bout ! Je savais bien qu’il allait falloir que j’explique pourquoi je parlais de ce jour-là au jardin du Luxembourg, mais j’avais pas envie de me presser, et puis j'étais plus sûr de savoir comment j'en étais venu là. La dernière bafouille du condamné, ou un truc du genre…Allez, allez, du nerf !


Remi Trotereau "Lutteurs"

 

Entre mecs. (Incipit)

 « Je savais pas, moi. Je savais pas qu’on vivait dans un monde atroce, un monde où seuls les mots d’ordure, de crasse et de douleur sont écoutés lorsqu'on te laisse les prononcer. Quelque part en chemin, j’ai eu envie de décorer une page avec ses mots, son sourire, le bien qu’elle me faisait. Mais ça, ça ne collepas avec la ligne éditoriale de l’air du temps. C’est ringard et surfait de vouloir chanter ses cheveux, parler de son sourire. Non, j’aurais dû raconter des conneries d’éjaculations violentes dans un bidonville de Manille, où de n’importe où, tant que ça se passait au milieu de gosses qui crèvent de faim, de la poussière, des injustices sociales. Il aurait fallu que ça pue un peu la sueur et toutes sortes de sécrétions animales, tout ce qui reste de l’homme quand les émotions ne se résument plus qu’à la rage, au sexe-désespoir, comme si le coït était le dernier lieu acceptable en ce monde. C'est ça qui fait vendre. Ils me dégoûtent tous ces porcs, toujours la braguette à portée de main, comme si leur salut ne passait que par cet endroit précis.
Oui, mais voilà, j’en avais pas des histoires comme ça en réserve, moi. Alors j’ai dû me creuser un peu la tête et discuter avec mon cœur. On ne tombe jamais d’accord eux et moi. Pour justifier mes petites histoires à la con, j’ai dit que je crevais de faim, sans le sou, que j’allais me faire expulser de mon appartement, que personne voulait faire bosser un gamin de Paname sans diplôme, et que du coup, il ne me restait que ça : cette histoire-là. A votre bon coeur, M. l'éditeur... Bah, ils m’ont demandé de raconter ma foirade. D’expliquer un peu comment on tombe si bas quand on est un minet à vieilles riches défraîchies. Paraîtrait que ça fait pas vendre des livres, les amours banales. Mais, merde, moi, je voulais juste parler de ses cheveux, de son sourire, à elle. Qui c'est le salaud qui osera me dire que ses cheveux et son sourire à elle, c'est du banal ? Qu’il vienne ! je lui casse la gueule, moi ! Il a qu’à venir me l’dire en face !
Non, tu sais quoi, je te raconte ça histoire de causer un peu. Causer un peu entre mecs. Me prends pas pour une chochotte, hein ! Moi aussi je croyais que c’était un truc de gonzesse de parler amour et jolis sentiments. Je les plaignais les pauvres types qui pleurnichaient sur une petite qui leur avait fait du mal. Je les trouvais pitoyables. J’avais envie de trouver un moyen de leur raccrocher une paire de roupettes là où on les leur avait coupées.
Mais en fait, tu vois, c’est con à dire, mais j’ai compris qu’elles étaient descendues, mes roupettes, le jour où je l’ai rencontrée, le jour où je me suis parlé d’elle à moi-même, tout seul dans mon coin.
Ça fait pas de moi un lopette ! Ça fait de moi un mec qui tremble pas pour n’importe quoi, pour n’importe qui. Je suis un type qui tremble pour elle. C’est con, hein ! Bah, là, tu peux poser ton couteau, mon gars, tu me fais pas peur. Moi, je suis déjà transpercé. Tu vas sûrement vouloir me dézinguer, parce que cette nénette-là, c’est ta belle et que tu trouves que c'est pas correct que j'te parle d'elle comme ça. Mais si t’es pas trop con,  tu vas me laisser te la raconter jusqu’au bout ma putain d'histoire. On est entre bonhommes, là.  On peut causer un peu, et se mettre sur la gueule après, on a le temps. De toute façon, tu la connais déjà, elle. Pis, tu m’connais – moins, ok – mais tu me connais quand même un peu. Alors du coup, t’as pas besoin de faire marcher trop tes cellules grises, tu visualises déjà bien les personnages. »

Il était là, à me regarder avec sa tête d’abruti. Il comprenait rien, ce con. Il m’a fait signe de la tête. Il a posé le couteau sur la table avec le manche à portée de sa main. Il m’a regardé, et j’ai compris qu’il voulait tout savoir. Il avait envie de souffrir. Il voulait que je lui raconte comment je l’aimais sa nénette. Il avait pas peur d’avoir encore plus mal. C’est là, que je me suis dit que j’avais pas tort, qu’on était entre hommes, qu’on pouvait se raconter nos tatouages sur le cœur… Alors je me suis lancé.